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Pour Alphadi, « il faut que l’Afrique soit habillée par des créateurs africains »

Présent à Cotonou pour le Festival International des arts du Bénin (FinAB) le créateur Alphadi a participé à une conférence sur la professionnalisation de la mode en Afrique. Pour lui, la mode africaine a un futur très prometteur.

« Je suis venu ici en tant que peintre. Techniquement, je ne suis pas là pour la mode, juste pour les peintures et l’art plastique », commence le créateur de mode Alphadi lorsque les journalistes commencent à lui présenter leur micro au FinAB. « L’art contemporain a rapporté des milliards de dollars à l’Europe et il n’y a pas de raisons qu’on prive les talents africains de cet espoir », explique-t-il avant de finir par accepter de revenir sur la mode. D’après ses propos, la peinture de celui qu’on surnomme le magicien du désert est intrinsèquement liée à son travail de créateur de mode. « Je m’inspire de ma mode pour peindre », révèle Alphadi.

La mode africaine justement, cette deuxième journée du FinAB y a consacré sa première conférence. « Le panel était magnifique mais je n’ai vu que des femmes, il faut que les garçons s’intéressent aussi à la mode. A part ça, le panel était très intéressant avec des sommités de la mode béninoise comme Pepita D ou Lolo Andoche comme participants », complimente le créateur de mode.

Pour lui, des pays comme le Bénin sont une chance pour le textile et l’industrie continentale de la mode. « Le Bénin fait partie du groupe C-4 (initiative commune sur le secteur du coton avec le Mali, le Burkina Faso et le Tchad ; NDLR), le coton béninois doit être transformé et porté par les Béninois. On n’est pas forcé de porter du Wax, qui n’est d’ailleurs pas africain », conseille-t-il. Globalement, c’est tout le continent qui a un potentiel intéressant au niveau de la production, notamment celle du coton durable.

Au fil des questions, Alphadi oublie son vœu pieu de ne pas parler de mode. Lorsqu’on l’interroge sur l’importance de cette industrie pour le continent, ce pionnier africain du secteur est finalement beaucoup plus loquace que prévu sur le sujet. « On a un continent de 1,3 milliard d’habitants et la population africaine s’habille. C’est le rôle des créateurs de mode du continent. C’est l’Afrique qui doit habiller l’Afrique. Rien qu’avec cela, il y a des emplois à créer et des revenus à générer. J’ai vu que 42 000 emplois ont été créés en Ethiopie dans la production de chaussure et ce genre de choses me fait même dire que l’Afrique peut habiller le monde dans le futur », assure Alphadi.

Mais actuellement, les Africains ne sont pas habillés par des textiles ou des créateurs du continent, en grande majorité, lui rappelle-t-on. « La Chine a pris le dessus. Mais il y a de l’espoir. D’ici quelques années la population africaine va doubler selon les prévisions, si on peut travailler sur le coton et les textiles africains pour habiller la population du continent, on créera des emplois et on donnera une autre dimension à l’industrie de la mode du continent. Ce n’est pas seulement dans la mode, dans les cosmétiques, la maroquinerie, la bijouterie, même l’hôtellerie », insite un Alphadi, convaincu, des étoiles dans les yeux.

« Mais pour ça, il faut encore que les gouvernements africains facilitent la tâche de divers acteurs.  Les taxes sont trop élevées, sur le coton, les textiles…Quand un créateur de mode crée des emplois il faut l’aider en réduisant les impôts », ajoute le Nigérien.

Selon la plateforme Statista, l’industrie de la mode en Afrique est passée de 3,4 milliards $ de valeur en 2019 à 8,6 milliards $ en 2022. Pour Alphadi, la clé du progrès de ce secteur se trouve dans le financement privé. « J’y crois absolument s’il y a le mécénat. Les Etats empruntent déjà de l’argent pour construire des routes et les infrastructures. Les taux d’intérêts des banques sont parfois trop importants. L’Afrique a des milliardaires. Ils doivent investir dans la mode africaine », conclut Alphadi.

 

La Rédaction

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