Le photographe et cinéaste congolais, Sammy Baloji, a reçu le prix de la Culture de la KU Leuven ce 1er décembre 2022, à l’auditorium Emma Vorlat sur le campus des sciences sociales de la KU Leuven, l’université néerlandophone belge dont le siège est situé dans la ville de Louvain.
Depuis 1992, le prix culturel de la KU Leuven est décerné tous les deux ans à un artiste innovant qui fait également preuve d’un mérite exceptionnel dans l’enseignement ou la recherche dans le domaine des arts. Chaque édition met en avant une discipline spécifique. Pour cette année, l’accent est mis sur les arts visuels. Le prix de la culture est rendu possible par le Fonds Blanlin-Evrart et est doté de 10 000 euros. Parmi les précédents lauréats figurent les musiciens de l’Ensemble Nadar, le réalisateur Gilles Coulier et l’auteur Rachida Lamrabet.
Le jury, explique la KU Leuven, a été impressionné par la façon dont Sammy Baloji intègre l’histoire coloniale belge dans son travail. Dans son rapport, ce jury salue « le travail cohérent de Sammy Baloji, qui intègre l’histoire coloniale de manière subtile ». En lui décernant ce Prix, l’université souhaite faire découvrir à ses étudiants et à son personnel le travail fascinant de l’artiste.
Sammy Baloji, explique-t-on, entretient déjà des liens de longue date avec la KU Leuven. Depuis 2013, il travaille en étroite collaboration avec le Pr Filip De Boeck de la Faculté des sciences sociales. Le jury décrit ce duo comme « un photographe anthropologue et un anthropologue très visuel ». Leur collaboration a déjà donné lieu à la réalisation de deux films, à la publication du livre « Suturing the city » (2016) et à la création de l’exposition internationale « Urban Now ».
La soirée de remise du prix marquera également l’inauguration d’une installation vidéo que Sammy Baloji et le Pr De Boeck ont créée ensemble: The tower, a concrete utopia. L’œuvre sera exposée dans le bâtiment des sciences sociales et a été achetée dans le cadre du 50e anniversaire de la Faculté. Dans l’après-midi, Sammy Baloji participera également à l’événement « When art meets science in the study of cities », organisé par l’Institut d’études urbaines de la KU Leuven.
Artiste visuel de renommée internationale
Sammy Baloji est un photographe et un artiste visuel de renommée internationale dont le palmarès comprend déjà plusieurs prix et expositions individuelles. Ses vidéos, installations et séries de photos mettent en lumière le passé colonial de la Belgique et ses traces persistantes dans le présent.
Son installation avec des obus d’artillerie, rappelle la KU Leuven, en est un exemple éloquent. Le cuivre de ces obus a été principalement extrait au Katanga, la région natale de Baloji. « Les obus nous rappellent involontairement les champs de bataille de la Première Guerre mondiale. Baloji relie ces no man’s lands au paysage du Katanga, qui a été mutilé par l’industrie minière », indique-t-on.
Les œuvres les plus connues de Baloji sont des collages photographiques comme « Mémoire ». Depuis des années, il fouille dans les archives des musées occidentaux, principalement ethnographiques. Il confronte les images qu’il y trouve avec des photographies contemporaines. Son travail, selon la KU Leuven, pourrait donc être décrit comme une grande recherche sur le patrimoine culturel, architectural et économique du Congo et sur les effets de la colonisation. « En utilisant des documents d’archives, Baloji manipule le temps et l’espace, ce qui nous permet de comparer les récits coloniaux et l’impérialisme économique contemporain », explique l’université.
La Rédaction