A chacune de ses expositions de peinture, la plasticienne Djahida Haouadef éblouit son public par la maitrise de ses sujets et par sa palette colorée. Cette artiste-peintre qui n’est plus à présenter, revient sur la scène artistique algérienne pour présenter, à la galerie Ezzou’Art d’Alger sa dernière collection de peinture colorée intitulée «Elévation».
Une collection au thème assez philosophique qui invite au rêve et à la méditation. En effet, tout visiteur est pris d’admiration devant ces 25 œuvres où la plasticienne signe une collection pleine de poésie et de réflexion.
La collection en question a mis quatre ans pour voir le jour. A la question de savoir pourquoi cette collection a été intitulée «Elévation», Djahida explique que durant la pandémie de Covid 19, il y a eu une remise en question à travers des questionnements autour de notre existence. Les réponses à ces interrogations ont été trouvées à travers un certain apaisement. Elle a pu retrouver à travers son style une élévation spirituelle. «Cette collection, dit-elle, est venue en réponse à toutes les questions que j’ai eues pendant la pandémie du Covid. Elle a été inédite dans l’humanité.
D’habitude, il y a des maladies contagieuses mais cette fois-ci, je trouve qu’elle a été exceptionnelle parce qu’elle a touché le monde entier. Quand j’ai trouvé des réponses, c’est là où je me suis vraiment apaisée et rassurée. J’ai pu continuer à croire en la vie tout ce qu’elle peut contenir comme espérance et réalisation».
Djahida Haoudef propose des derviches tourneurs dans des cercles répétitifs. Vêtus de longues tuniques aux couleurs bigarrées et de toques cylindriques, ces derviches tourneurs joyeux pivotent sur la pointe de leurs orteils en traçant admirablement un cercle autour de l’espace dans lequel ils évoluent. Certains derviches ont la main droite levée vers le ciel, recueillant, ainsi, la grâce divine qu’ils transmettent à la terre par la main gauche tournée vers le sol. Cette danse est perçue comme une forme de prière, menant à l’union suprême avec Dieu.
Il y a de nouvelles formes dans la peinture de Djahida avec des personnages qui ont lourdement changé. On retrouve des derviches tourneurs dans une position beaucoup plus fluide et dans le mouvement du corps, dans la danse du soufisme. Les visages des personnages ont beaucoup d’expression. Ils sont vêtus autrement que d’habitude avec une inspiration de nos traditions.
Si par le passé, les personnages de l’artiste s’adaptaient au contexte social, culturel et traditionnel, aujourd’hui, ils sont différents. Preuve en est : ils sont, aujourd’hui, dans le mouvement et la légèreté du corps baignant dans un autre espace céleste.
L’artiste peintre Djahida Haouadef tient à préciser qu’elle n’a pas représenté ses derviches tourneurs dans l’esprit de l’Orient mais elle a intégré dans sa peinture tout ce qu’il y a comme identité et contexte géographique algérien. Les esthètes auront remarqué que, cette fois-ci, la palette de Djahida Haouadef est de plus en plus riche en couleurs et en profondeur.
Quand elle change de thème, elle change automatiquement de palette. Elle s’adapte au sujet, au moment, à l’environnement et au contexte sensationnel. Elle confie que pendant le Covid, 19, «nous avons reçu beaucoup de bonnes et de mauvaises nouvelles.
Cette collection regroupe cette alchimie de toutes ces sensations par lesquelles nous sommes passés, tellement on est resté longtemps à nous poser des questions sur nous. Je dirais que mon approche est philosophique. Elle touche énormément l’âme et tout ce qu’elle ressent comme effet palpable. C’est abstrait et surréaliste quelque part. Elle touche le réel et le spirituel. C’est une collection en quête de spiritualité», précise-t-elle. Dans cette nouvelle collection «Elévation», toutes les couleurs sont présentes. Nous sommes censés dire qu’il n’y a pas une couleur qui ressort plus que l’autre.
Les couleurs se conjuguent et s’associent les unes aux autres pour former une belle palette.
Au-delà du remarquable travail que la plasticienne Djahida Haouadef effectue depuis plus d’une quarantaine d’années, elle déplore, cependant, que les choses ne bougent pas tellement dans le milieu artistique. Elle pense que cela est dû à la pandémie de Covid 19. Le fonctionnement de l’art n’a pas encore repris son mécanisme. En même temps, c’est très pénible car l’artiste ne peut pas vendre ses œuvres.
De l’avis de notre plasticienne, c’est avec ces ventes effectuées que sa peinture peut trouver son chemin, sachant «qu’on n’est soutenu par aucun organisme. On ne fonctionne qu’avec cette boucle d’expositions qui nous permet de vendre un peu et de continuer notre quête. L’art demande énormément de moyens et de conceptions.
Pour mettre en valeur une exposition de peinture, cela demande beaucoup d’énergies et de moyens financiers. Malheureusement, le marché de l’art en Algérie est toujours absent. Je souhaite de tout mon cœur que notre société puisse porter l’art, l’accompagner de différentes manières pour au moins le faire fonctionner», conclut-t-elle sur une note d’optimisme.
La Rédaction