Originaire du Bénin, l’artiste plasticien Julien Vignikin a planté son chevalet en Bourgogne et expose tantôt en France, tantôt en Afrique. Il a choisi la Côte d’Ivoire pour sa première exposition solo sur le continent, « Interactions », qui présente une œuvre métissée et profondément inspirée de Jean-Michel Basquiat.
Un dialogue entre les cultures
L’exposition « Interactions » se tient à la galerie Amani d’Abidjan du 11 mai au 24 juin 2023. Elle rassemble une vingtaine de toiles et de sculptures qui témoignent du parcours et de la vision de l’artiste. Né et élevé au Bénin jusqu’à l’âge de 10 ans, Julien Vignikin a ensuite poursuivi ses études en France, aux Beaux-Arts de Dijon puis en graphisme à Paris. Il vit et travaille désormais en Bourgogne, mais c’est vers son continent natal qu’il se tourne pour puiser l’inspiration.
Son œuvre est un dialogue entre les arts traditionnels ouest-africains et occidentaux, qu’il relie par des symboles comme le code-barre ou le Fa, l’art divinatoire pratiqué dans les pays de l’Ouest africain. Ses personnages sont souvent masqués ou grimés, évoquant les masques béninois ou les peintures rituelles. Ses couleurs sont vives et contrastées, rappelant celles de Jean-Michel Basquiat, son artiste de référence.
Un message engagé
Julien Vignikin n’est pas un artiste qui cherche à plaire à la galerie. Il a un message à passer, qui est celui de la liberté et de l’engagement. Il se réclame d’Albert Camus, dont il cite le discours prononcé en 1957 à l’occasion de la remise du prix Nobel de littérature : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse ».
Ses toiles dénoncent les maux qui rongent le monde contemporain : la violence, la corruption, la pollution, le consumérisme… Il utilise des matériaux de récupération comme des bouteilles en plastique, des canettes ou des cartons pour créer ses sculptures. Il peint aussi des portraits de figures historiques ou contemporaines qui incarnent la résistance ou la révolte, comme Nelson Mandela, Thomas Sankara ou Greta Thunberg.
Un succès public et critique
L’exposition « Interactions » a été accueillie avec enthousiasme par le public et la critique. Le directeur de la galerie Amani, Léon N’Guetta, a été séduit par l’écriture originale et puissante de l’artiste, qu’il avait déjà repéré lors d’une exposition collective consacrée à la scène contemporaine béninoise en 2021. Il souligne que Vignikin cherche un retour aux sources, du fait qu’il ait vécu longtemps en France, un retour vers ses origines qu’on voit dans sa peinture actuelle.
Les visiteurs sont également conquis par le travail de l’artiste, qui leur rappelle l’art traditionnel africain et un savoir-faire ancestral qui a perdu de sa valeur au fil des années. Ils apprécient aussi le message engagé et universel que véhicule son œuvre.
Julien Vignikin est un artiste reconnu sur la scène internationale. Il a exposé dans plusieurs pays d’Europe, d’Afrique et d’Amérique. Il a notamment fait son entrée dans les collections des fondations Blachere et Gandur. Avec « Interactions », il nous offre de découvrir son art par la voix de ses énigmatiques personnages, qui nous invitent à réfléchir sur notre rapport au monde et à l’autre.
L’exposition est accompagnée d’un catalogue qui présente les œuvres exposées et un texte de la curatrice Béatrice Dossou-Yovo, qui analyse le parcours et la démarche de l’artiste.
La Rédaction