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Annette Kinsiona :« Créons ensemble un empire de la gastronomie africaine »

« Certains aiment danser ou faire du sport pour se changer les idées, évacuer le stress ou encore guérir de quelque chose. Et moi c’était la cuisine », a précisé Annette Kinsiona, fondatrice de la Maison Janess Traiteur Africain.

Pendant de nombreuses années, Annette a pourtant connu les dépressions, l’incapacité de travailler et la solitude peu après la mort de sa fille, Janess, trois mois après sa naissance. Annette n’avait que 28 ans.

La mort d’un enfant est un drame inégalable. Une tragédie pour les parents. Cela reste néanmoins un sujet tabou, qu’on a du mal à aborder au sein d’une même famille et dans certaines cultures.

Mais au bout du compte, la jeune femme d’origine congolaise a transformé ce drame en force créatrice.

Aujourd’hui, à 42 ans, Annette est maman de deux enfants Samuel 17 ans et Nathan 10 ans et se nourrit du bonheur des autres.

Experte en mariage et passionnée culinaire, Annette nous invite à gouter à l’instant présent tout en nous rappelant que la vie et courte et le monde vaste.

L’entrepreneuse autodidacte qui se définit comme une personne « très, très, très dynamique » poursuit son rêve de créer un empire de la gastronomie africaine à travers Janess, qu’elle considère comme son « troisième enfant ».

L’Académie des Traiteurs, une école de formation destinée aux jeunes personnes qui veulent se lancer dans la restauration, sera-t-il son quatrième ?

L’histoire d’Annette est une histoire de force de vie, de force créative et de gastronomie africaine.

*Ce récit est une version éditée et condensée de mes conversations avec Annette.

‘C’est dans la cuisine que j’ai trouvé la guérison’

« Elle s’appelait Janess. Ça vient du ‘Ja’ de Jacqueline, le prénom de ma mère et le ‘Nes’ de Nestorine, le prénom de ma belle-mère. Et je me disais ‘c’est dommage qu’un prénom aussi doux, aussi beau, soit oublié’. Elle est née puis elle est décédée en novembre 2008.

Si cet évènement tragique m’a affaiblie dans un premier temps, finalement, ça m’a rendu plus forte et ça reste ma force.

En 2009, j’ai créé la société qui porte son nom mais en réalité, c’était encore trop tôt. J’ai mis 6 ans à me relever.

J’étais salariée et j’avais beaucoup de pression et je n’y arrivais plus entre les arrêts maladie, les dépressions, les baisses de tension.

De plus, dans les familles africaines, on ne parle pas de ces choses. Et après l’enterrement, je n’ai pu en parler a personne à part mon médecin mais ce n’est pas un psychologue. Il n’est pas spécialisé mais il m’écoutait et me donnait des traitements pour dormir.

En 2015, je me suis dit ‘Stop ! On y va à fond !’. J’ai quitté mon travail et repris ma vie en main.

C’est dans la cuisine que j’ai trouvé la guérison. Je me suis investie dans cette entreprise créé pour mes enfants et dès le départ, l’idée était d’en faire un empire.

Le métier que j’exerce est un métier passion, une passion que j’ai en moi depuis l’enfance.

Et quoi de plus beau que cuisinier pour un mariage.

En fait, c’est la continuité de la vie. C’est superbe, on voit le bonheur des autres. Moi je me nourris avec ça.

Vers le métissage culturel et alimentaire

Je suis née au Congo (Kinshasa) et je suis venue en France à l’âge de quatre ans.

Enfant, c’est moi qui faisais à manger pour mes frères et sœurs et je remercie maman parce qu’elle m’a appris la cuisine africaine. Et si j’aime cuisiner, il faut dire que j’aime aussi bien manger.

A la maison, on mangeait des plats de chez nous mais le fait de découvrir d’autres personnes, d’autres cultures, d’autres langues et d’autres gastronomies est une richesse. Je suis pour le métissage alimentaire et culturel. A la maison par exemple, on parlait lingala et on parlait français en dehors.

Ma clientèle métissée s’est faite naturellement, petit à petit.

Il faut savoir que les communautés africaines en France n’ont fait que grandir au cours des années et que les cuisines s’entrecroisent de plus en plus.

Dans ce contexte, je propose des plats qui répondent aux attentes culinaires issues de l’union de deux cultures.

Lorsque deux êtres veulent se marier, les deux couples sont automatiquement attirés par la cuisine de l’un et l’autre […].

Populariser la cuisine africaine

Il y a beaucoup d’Africains en France mais peu de traiteurs africains et je pense que les gens méritent d’avoir le choix. Les traiteurs européens qui font du canard à l’orange par exemple, je pense qu’il y en a beaucoup alors que des créateurs africains comme moi en France, il y en a peu.

Et du coup, j’ai beaucoup de travail.

Quand j’ai commencé en 2015, on était deux. Aujourd’hui, j’ai une équipe de 7 personnes dont la quasi-totalité sont des femmes.

Au départ, j’étais en cuisine avec ma mère. Maintenant, je m’occupe de la création des menus, des directives et des fiches techniques pour les cuisiniers à réaliser le jour du mariage. La recherche culinaire est l’un des aspects qui me plait le plus. Mon travail consiste également à prodiguer des conseils pour la création d’un buffet et d’un menu équilibré.

 

La Rédaction

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