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Retour sur le demi-siècle de carrière de Samuel Fosso

« Tati », « Africain spirit », « The Black Pope »… Ses séries d’autoportraits iconiques figurent dans les plus grands musées de la planète, à Paris, New York ou Londres. Depuis un demi-siècle, le camerouno-nigérian Samuel Fosso se photographie pour représenter le monde. Ce précurseur de l’art contemporain expose jusqu’au 17 juin son travail à Paris à la galerie Christophe Person.

Depuis près d’un demi-siècle, Samuel Fosso se met en scène dans ses autoportraits photographiques. « J’adore la photo et j’adore mon propre corps », justifie-t-il.

Le longiligne camerouno-nigérian a un physique de séducteur, certes, de l’humour bien entendu, mais il a surtout le sens de la famille. Exfiltré du Biafra tourmenté par la guerre civile, il déménage à Bangui, en Centrafrique. À l’âge de treize ans, il ouvre un laboratoire photo. Et c’est pour donner des nouvelles à sa grand-mère restée au Nigeria qu’il commence une carrière d’autoportraitiste. « Pour qu’elle ne s’inquiète pas par rapport à moi et que j’évolue normalement, en bonne santé et bien habillé », explique-t-il.

L’autoportrait comme expression de prédilection 

Dans les années 70, habillé à la mode yé-yé, pantalon à pattes d’éléphant, chapeau de paille et chemise à col « pelle à tarte », il sourit à sa grand-mère. La photo est pour lui une simple activité : « Je n’avais jamais cru que la photographie (pouvait) être un art, non. Mon but, c’était tout d’abord d’être photographe, comme les photographes africains dans un studio. »

La photo comme art, c’est un Français, Bernard Descamps qui y pense pour lui. Il l’invite aux rencontres photographiques de Bamako en 1994. Et Samuel Fosso remporte le premier prix. Il prend alors conscience du potentiel artistique de l’autoportrait, technique qui devient sa marque de fabrique à travers des séries comme African Spirit où il incarne des personnages afro-américains. « Pour moi, c’est une (façon) de rendre hommage. Parce que mes frères américains, avec toutes leurs souffrances, je n’ai pas les moyens de leur apporter de l’aide. Mais je profite du travail artistique pour leur rendre hommage. »

Mettre en avant des icônes populaires

Au fil des années, les prix s’accumulent, les séries aussi. Tati, Le rêve de mon grand-père, Emperors of Africa, Black pope. Samuel Fosso apparaît dans les plus grands musées du monde. Comme Beaubourg ou la Tate Modern de Londres. 

Christophe Person, qui expose ses œuvres dans sa galerie jusqu’au 17 juin, voit dans les incarnations du photographe une forme de construction identitaire collective : « À la fois des gens de la rue, le businessman, le maître-nageur, le marin, le rocker… Ce sont pour moi plutôt des icônes populaires, qu’il essaie de mettre en avant. La nécessité pour une population d’avoir des modèles et des icônes. » La galeriste évoque même une certaine incarnation de ces personnages de la part du photographe : « J’ai vraiment l’impression d’avoir affaire à un acteur de cinéma en fait. C’est amusant parce qu’on voit bien que ça a l’air d’être la même personne et en même temps pas tout fait parce qu’il arrive à se fondre dans ses personnages. »

L’art de l’autoportrait poussé à son paroxysme est, depuis Samuel Fosso, devenu un genre prisé. Le photographe est d’ailleurs fier de voir la jeune génération, comme celle du Sénégalais Omar Victor Diop marcher sur ses traces.

La Rédaction

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