Joueuse du Basket Lattes Montpellier Association (BLMA), qui évolue en première division féminine, l’internationale française de 3×3… et de 5×5, a aussi créé sa propre académie pour permettre aux jeunes issus de milieux populaires de faire carrière. Comme elle.
« L’année dernière, beaucoup de filles aimaient avoir le ballon. Aujourd’hui, je l’ai un peu plus, et ça marche… » Mamignan Touré, alias « Migna», le surnom qu’elle aime porter, est tout sourire au Palais des Sports de Lattes. La veille, mercredi 16 novembre 2022, elle a inscrit 15 points, délivré 4 passes décisives et pris 3 rebonds lors du succès du BLMA face aux tchèques du Zabiny Brno (84-72). De quoi permettre aux Héraultaises de se qualifier pour les play-offs d’Eurocoupe et continuer leur début de saison sur un sans-faute, avec une neuvième victoire en autant de rencontres.
En tête de la Ligue féminine, à égalité avec Bourges et Lyon, sera-t-il possible côté BLMA de tenir le rythme dans les deux compétitions ? « Ce n’est pas facile d’enchaîner plusieurs matchs dans la semaine. Il n’y a pas de pression, juste une responsabilité, car nous voulons gagner partout, souligne-t-elle, toute vêtue de noir. J’essaie d’être irréprochable dans la récupération. Le groupe est équilibré, mais petit, et une seule blessure pourrait nous handicaper. »
« Je jouais déjà avec mes sœurs »
Âgée de 27 ans, Mamignan Touré ne connaît que trop bien les sacrifices à consentir pour arriver au plus haut niveau et y rester. Elle a été élevée seule par sa mère – « une femme exemplaire, vaillante, je ne suis rien à côté » – dans une famille de cinq enfants, où son grand frère Mohamed a servi de mentor. La native de Nevers, dans le quartier populaire des Courlis, est ainsi tombée amoureuse du basket grâce à sa famille. « Je n’avais même pas l’âge d’être là que je jouais déjà avec mes sœurs, se souvient-elle, d’une voix enjouée. Il y avait des posters d’Allen Iverson, Kobe Bryant ou Michael Jordan plein leur chambre. La base quoi (sourire). »
Après des débuts au club local, l’Entente Basket Fourchambault Nevers (EBFN), Mamignan Touré gravit les échelons en intégrant les équipes départementales, régionales, puis le pôle espoir à l’INSEP. Sa carrière professionnelle débute dans le Nord, à Arras, avant des passages plus ou moins réussis à Trégor, Lyon, Nice, dans les Landes ou même en Belgique. C’est finalement à Montpellier où elle trouve, depuis 2020, une certaine stabilité.
Les Bleues, une double aventure
En terres occitanes, Mamignan Touré continue de monter en puissance, notamment en 3×3, discipline qui se pratique sur demi-terrain et dont elle a été élue numéro 1 mondiale au ranking FIBA en 2021 après avoir participé avec l’Équipe de France aux Jeux Olympiques, à Tokyo. « Une expérience incroyable bien qu’amère, car nous avons terminé quatrièmes, au pied du podium et donc d’une médaille, regrette-t-elle. J’en suis ressorti grandie. »
Forte de ses bonnes performances en sélection et en club, l’arrière est convoqué pour la première fois en Équipe de France 5×5 en novembre 2021. Après avoir participé aux qualifications pour la Coupe du monde, elle apprend qu’elle n’est pas retenue dans le groupe final qui va disputer la compétition.
« Sur le coup, je l’ai vraiment mal pris, car j’étais irréprochable dans le jeu ou l’état d’esprit. Je ne pouvais que subir cette décision et essayer de l’accepter.» Sauf qu’un évènement imprévu vient changer la donne. « J’étais déjà en train de regarder le billet d’avion pour aller voir ma grande sœur à Dakar, lorsque j’apprends la blessure de Marine Johannès, lors d’un match de préparation face aux États-Unis, explique-t-elle. Jean-Aimé Toupane, notre entraîneur, m’appelle. Il me propose de réintégrer le groupe. La question ne se posait même pas pour moi (sourire). »
Modèle de réussite
Malgré une élimination en quarts de finale du Mondial face à la Chine (85-71), Mamignan Touré ne tergiverse pas longtemps. C’est dans sa nature. Humble et déterminée, la jeune femme, titulaire d’un diplôme d’enseignante d’éducation physique et sportive, consacre une vaste partie de son temps à la « Lokosso Academy ». La sienne. Mais pourquoi « Lokosso » ? « C’est le surnom que m’a donné Mohamed, mon grand frère. Il signifie, en lingala (dialecte congolais, NDLR), une personne qui aime bien manger (rires). Je l’ai toujours conservé. »
La Rédaction