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Le spectacle « Et que mon règne arrive », pour un féminisme décolonisé – Odile Sankara

En suivant la trajectoire d’une jeune féministe, le spectacle d’Odile Sankara s’intéresse à la place des femmes dans les sociétés d’Afrique noire et interroge un féminisme européocentré.

Des nouvelles du secteur culturel en régions et à l’international grâce à nos correspondants à l’étranger et à celles et ceux qui créent la vie culturelle à l’endroit où ils sont.

Arnaud Laporte s’entretient avec la comédienne et metteure en scène Odile Sankara, artiste militante pour les droits des femmes en Afrique, qui présente le spectacle Et que mon règne arrive (sur un texte de Léonora Miano) les 8 et 9 février 2023 à la Comédie de Reims dans le cadre du festifal Faraway.

 Consacré à la place des femmes dans les sociétés d’Afrique noire, Et que mon règne arrive déroule une intrigue fragmentaire qui voit une jeune féministe tomber dans les filets d’un improbable bellâtre.

Avec la force d’une écriture rythmée qui ne refuse ni l’humour ni la violence, Léonora Miano, creuse sans complaisance dans les contradictions inhérentes au féminin comme au masculin. Jouant avec les codes de la romance, la metteuse en scène Odile Sankara s’empare de ce texte pamphlétaire qui n’épargne pas les hommes mais n’est pas tendre non plus avec un féminisme européocentré.

Une comédie rythmée qui mélange radicalité et bluette. Un théâtre pour encourager les femmes du continent africain à retrouver leur mémoire doublement effacée par des années de colonisation et de machisme ordinaire, et à se libérer d’un féminisme européocentré aux relents de néocolonialisme. La sororité planétaire ne serait-elle qu’un leurre pour des femmes africaines à la recherche d’un nouvel espoir : celui d’être le moteur d’une transformation du monde. Comment être reconnues et écoutées quand on a été niées pendant des décennies, comment sortir de la culpabilité, comment se réclamer des grandes figures féminines africaines qui ont lutté, armes à la main, pour défendre leur liberté, en même temps que celles des hommes ? L’africaine sub-saharienne doit tout à la fois retrouver la mémoire et défendre ses savoirs intimes et spirituels pour « imaginer le règne du féminin ».

 

La Rédaction

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