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Le jazzman sud-africain Ndudozo Makhathini laisse le public sur sa faim au New Morning

La star de la scène jazz sud-africaine, Ndudozo Makhathini, et une équipe d’excellents musiciens déroulent un beau programme musical avec compétence mais sans fougue, laissant le public frustré par la brièveté et l’économie de la prestation qui aurait pu être exceptionnelle.

Ce jeudi 1 décembre 2022, la salle du New Morning se remplit lentement. Un public grisonnant et plusieurs photographes occupent les premiers rangs dès l’ouverture. Quelques quadras sud-africains s’empareront des sièges restants, mais personne ne restera debout pour ce concert qui semblait pourtant très attendu.

Les musiciens investissent la scène avec assurance. Nduduzo Makhathini, coiffé d’une toque brodé d’or en velours noir, s’installe au piano. La star de la scène jazz sud-africaine est le premier musicien sud-africain à rejoindre le célèbre label Blue Note en 2017, Makhathini a déjà dix albums à son actif, dont deux avec Blue Note: In the Spirit of Ntu (2022) and Modes of Communications: Letters From The Underworlds (2020). Ce dernier a été choisi parmi les meilleurs jazz albums de l’année 2020 par le New York Times.

A la contrebasse, on retrouve Zwelakhe-Duma Bell Le Pere, le jeune prodige sud-africain formé par le légendaire bassiste de jazz Ron Carter. Fils de et petit-fils de militants anti-apartheid, Bell Le Pere porte le prénom composé de deux héros de la lutte sud-africaine, Zwelakhe Sisulu, le journaliste et attaché de presse de Nelson Mandela, et Duma Nokwe l’ancien secrétaire général de l’ANC. Deux Américains, le saxophoniste Logan Richardson et le batteur Chad Taylor complètent remarquablement cet ensemble de musiciens accomplis.

Sans introduction et sans présentations, Nduduzo Makhathini déroule les morceaux de ses deux derniers albums, laissant à ses musiciens le temps de faire leurs solos. Tous s’exécutent avec la compétence de musiciens chevronnés, mais à l’exception de Zwelakhe-Duma Bell Le Pere, l’émotion n’est pas vraiment au rendez-vous. Pourtant, on en sent l’immense potentiel dans cette musique singulière entre le free jazz et des sons et rythmes africains.

Mais Makhathini semble pressé de remplir les termes de son contrat et de boucler son programme aussi rapidement et avec aussi peu d’effort que possible. Il fait l’entracte à peine 40 minutes après le début du concert. Au retour de la pause, Makhathini, qui est également sangoma (guérisseur traditionnel) et chef de Département de la musique à l’Université de Fort Hare, adresse quelques mots savants au public, mêlant l’ontologie, les stratégies rituelles et le concept de la liminalité dans un discours succinct et sans intérêt, tellement il ne nous apprend rien, ni sur la musique et ses origines ni sur les musiciens dont les noms ne nous seront révélés qu’à la fin du concert.

L’ensemble nous offre encore quelques très beaux morceaux dans la deuxième partie, tels que « Amathongo, » « Saziwa Nguwe » ou encore « Mama. » Malgré les applaudissements appuyés d’un public chaleureux, Makhathini ne lui offrira qu’un seul bis, « Unonkanyamba », de son dernier album In The Spirit Of Ntu. On apprécie la voix riche et grave de Makhathini, qui remplace sur scène la voix de son épouse Omagugu sur l’album, ainsi que le jeu confiant et bien accordé de tous les musiciens, mais comme le résume si bien une spectatrice à la sortie de la salle: « Ils sont bons, mais ça manque de générosité. »

 

La Rédaction

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