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Éric Delphin Kwégoué, lauréat du Prix Théâtre RFI 2023

Né en 1977 à Bana, un petit village dans l’ouest du Cameroun, Éric Delphin Kwégoué grandit entre Yaoundé et Douala. Devenu comédien, metteur en scène, auteur de théâtre, il dirige aujourd’hui sa propre compagnie à Douala, Koz’art. Avec « À cœur ouvert », son texte enragé et engagé en hommage au journaliste torturé et assassiné Martinez Zogo, il a emporté le prix RFI Théâtre 2023.

Ses quelques cheveux gris sur la tête lui procurent une aura de sage. Une image contrebalancée par une barbe de trois jours et un t-shirt à manches longues dorloté de formes et de couleurs. Le rouge et le jaune laissent deviner un esprit agité, mais derrière les épaules, les dreadlocks se fraient tranquillement un chemin jusqu’à la hanche et semblent canaliser une énergie intérieure débordante. À cœur ouvert s’intitule le texte lauréat d’Eric Delphin Kwégoué et la dédicace de l’auteur sur la première page fait froid dans le dos : « À Martinez Zogo ! Et à la mémoire de tous les journalistes froidement assassinés dans mon pays ».

L’urgence de l’écriture

Le décor est planté. Chez Eric Delphin Kwégoué, l’écriture ressemble à un électrochoc. « Oui, pour moi, l’écriture est fondamentale, car elle contribue non seulement à dénoncer, elle contribue aussi à trouver les équilibres dans la société et elle sert aussi à l’auteur à sortir de ses frustrations. À un moment donné, il y a une urgence et l’auteur souhaite exprimer des choses qu’il porte en soi. » Une urgence emportant la ponctuation sur son chemin. L’écriture se transforme en un flot de mots et le lecteur se sent entrainé dans un courant qu’il ne maitrise plus et qu’il ne peut plus arrêter, pratiquement obligé d’accepter d’être malmené.

« J’ai écrit beaucoup sans ponctuation, justement, c’est une question d’urgence. Et quand je suis dans une certaine forme d’urgence, de précipitation, je supprime les virgules, les accents, plein de choses. C’est très important, ça montre l’état d’urgence. En même temps, ça permet aussi à celui qui s’approprie le texte de le prendre à son rythme, parce qu’il s’agit d’un travail de rythme dans ce texte, dans cet excès sans ponctuation. Cela permet au metteur en scène de donner sa ponctuation, son propre rythme. »

La Rédaction

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