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Amadeus, le chanteur sénégalais à la carrière prometteuse

Le jeune artiste sénégalais Amadeus vient de sortir un mini-album intitulé Am-ma Mayla. Une première pierre à l’édifice d’une carrière prometteuse.

Autour des tables d’un chic restaurant de la corniche des Almadies à Dakar, le public – principalement féminin – se déhanche sur la musique d’Amadeus. Le chanteur de 28 ans avec ses fines rasta et ses lunettes de soleil met l’ambiance, accompagné de musiciens en live. Il joue aussi ses nouveaux morceaux alors qu’il a sorti le 8 septembre un nouvel EP de neuf titres, Am-ma Mayla, littéralement « Viens je te l’offre ». Un cadeau pour ses fans, traduit Amadeus avec un clin d’œil.

Saliou Samb, de son nom d’artiste Massamba Amadeus, a commencé la musique au lycée en 2013, dans la ville de Richard-Toll au nord du pays, avec un groupe de rap. « Je chantais les refrains et j’y ai pris goût », dit-il avec un sourire. À l’époque étudiant en licence de communication à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, il a lancé sa carrière solo et s’est petit à petit professionnalisé. « J’ai arrêté mes études une fois la licence en poche, afin d’être focus sur la musique et tenter ma chance malgré les réticences de mon père qui voulait que je continue mon master », témoigne le jeune artiste.

Et les efforts ont finalement payé. Il a fallu attendre 2020 pour que sa carrière commence à décoller. Il a sorti une reprise du célèbre artiste à la renommée internationale, Youssou N’Dour, puis une autre de Cheikh Lô avec laquelle il dépasse pour la première fois le million de vues sur YouTube. Boulma Sagané cumule aujourd’hui plus de 4,7 millions de vues sur la plateforme de vidéo en streaming.

Mélange de styles

Il sort ensuite plusieurs singles avec leur clip qui cartonnent avant de lancer son EP. « L’idée, c’est de plonger le public dans l’univers de l’album à venir, c’est un avant-goût », annonce-t-il, même si aucune date n’est encore fixée. Si les styles musicaux sont diversifiés, l’amour reste le fil rouge et le dénominateur commun de toutes ses chansons – pratiquement toutes chantées en wolof. « Dans les commentaires, je vois que mon public n’est pas que sénégalais. Donc, j’ai mis les paroles en français et en wolof dans la barre de description pour toucher un maximum de personnes », précise le chanteur.

« Je fais de l’afro fusion avec des beats qui peuvent transcender les frontières. Mais je m’attache à toujours garder une identité sénégalaise dans ma musique grâce aux rythmes ou aux sonorités », explique Amadeus, qui vient d’une famille de griots, ces poètes-musiciens sénégalais de génération en génération, qui jouent autant sur scène que dans les cérémonies traditionnelles. « Moi, j’essaie de mélanger les styles pour faire danser autant les Sénégalais que les Nigérians ou les Occidentaux », ambitionne-t-il. Et le mélange prend. À partir de 2022, l’artiste a commencé à vivre de sa passion.

Et ses ambitions sont grandes : dépasser Youssou N’Dour et arriver là où aucun Sénégalais n’a pu aller. Faire comme Burna Boy ou Maître Gims. « Ils valorisent les couleurs de leur pays, c’est le rêve de tout Africain », aspire Amadeus, avec les yeux qui brillent.

Mais celui qui l’inspire vraiment dans son parcours – un peu moins dans sa musique ! – c’est Wolfgang Amadeus Mozart, de qui il tire d’ailleurs son nom de scène. « Chez mon oncle à Thiès, je suis tombé sur un livre où j’ai découvert Beethoven, Liszt… mais c’est Mozart qui m’a plu », raconte-t-il. « Son personnage et son histoire me parlent. Il était jeune et il a su marquer son temps. Même après des années et des siècles, on continue de parler de lui et de ses symphonies, c’est ce que je rêve de faire ! L’objectif, c’est de vivre même après la mort. »

Obstacles au développement de carrière

En attendant, le jeune artiste multiplie les concerts à Dakar, au moins une fois par mois. Une date dans une des grandes salles de la capitale sera organisée pour la sortie de l’album. « Avec mon style musical, je peux aller partout dans le monde », ambitionne Amadeus, qui a un groupe de fans en France. « Nous avions des dates programmées là-bas, mais je n’ai pas pu y aller à cause de problèmes de visa, je n’ai jamais pu avoir de rendez-vous. C’est injuste et déplorable. Moi, je veux juste valoriser la culture de mon pays et développer l’industrie culturelle », explique-t-il, déçu.

Depuis plusieurs mois, il est très difficile et très long d’obtenir des créneaux pour déposer sa demande de visa pour l’Europe. Des intermédiaires en ont fait un trafic et revendent les dates à des prix très élevés aux plus désespérés. « À cause des visas, nous avons perdu trois dates à Marseille, Rennes et Paris, regrette Idrissa Fall, son manager. Nous avons une autre date en France en décembre, mais nous ne sommes pas sûrs de pouvoir y être. »

Au Sénégal, Amadeus continue alors son chemin, même si le secteur est encore informel. « Nous avions des problèmes d’infrastructures, mais la situation commence à évoluer. La musique se développe, mais nous manquons sur place de tourneurs et de gros festivals », commente Idrissa Fall, qui recommande à son artiste de diversifier les sources de revenus, entre les retombées financières des plateformes de streaming et les cachets de la scène en live. Des revenus qui sont réinvestis dans le projet de l’album qu’il co-produit en partie de sa poche. Et les frais sont élevés entre l’achat des beats, le tournage des vidéos, le mix master, les sessions en studio, les clips, le graphiste, le shooting photo. Le prix à payer pour le succès.

La Rédaction

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