La chance. Ce concept vu et compris de différentes manières à travers le monde, se laisse définir selon les temps, les circonstances ou l’espace. Dans un contexte congolais et kinois, en particulier, une expression avec ce mot revient souvent : “Chance eloko pamba”. En effet, elle a été popularisée par l’artiste chanteur Papa Wemba qui y voyait un retournement de situation, à n’importe quel moment, du point de vue social, quittant le prolétariat à la bourgeoisie.
Dans cette optique, l’artiste peintre Patsheli Kahambo présente ses toiles à la galerie Malabo, depuis ce samedi 20 mai, avec le vernissage de l’exposition. Jeux de dés sur le mur (dit jeu de six) sont sur les murs et plusieurs dés et flacons utilisés pour jouer font partie de l’installation qui accompagne l’exposition. Ce qui explique bien l’idée de la chance qui se rapporte, sur le coup, au hasard.
Cependant, l’artiste exposant ne voit pas la chance de cet œil. Il a indiqué que cette expression veut dire que la chance est le résultat du travail.
« L’expression a été mal comprise. Celui qui a conçu l’expression est lui-même un grand travailleur. Il voulait booster les esprits plutôt que les amener à attendre la chance. J’ai voulu booster les esprits fainéants qui ne comptent pas sur eux-mêmes, qui pensent que tout peut tomber du ciel alors que pour avoir la chance, il faut bosser, travailler, transpirer », explique Patsheli Kahambo.
Cette exposition est aussi une peinture de la capitale congolaise qui compte plus de 13 millions d’habitants agglutinés dans la petite partie de sa surface totale. Le chômage étant élevé, une bonne partie de la population vit grâce aux petits commerces, parfois peu valorisés. L’artiste a dessiné ces métiers, le comparant à l’inventeur de l’expression “Chance eloko pamba” qui est parti de quelque part, de rien, pour arriver au plus haut niveau de la musique congolaise.
Parmi ces travaux, celui de conducteur de taxi-moto. Il a mis plus en valeur ce travail dans ses toiles et une installation d’une moto physique accompagne également l’exposition. À Kinshasa, le taxi moto prend plus de place mais il est extrêmement rare de voir les femmes en faire un métier comme les hommes.
« Quand on parle de conducteur taxi-moto, on ne voit que les hommes. Alors que la vie d’aujourd’hui est équilibrée. Il y a des femmes qui prennent le flambeau de la survie familiale. J’ai donné plus d’espace à la femme, dans ce travail. La femme travailleuse », ajoute Patsheli Kahambo.
L’exposition peut se visiter dans la journée entre 8h et 17h jusqu’au 10 juillet. La galerie Malabo est située à Kinshasa, au croisement des avenues Kato et Huilerie.
Né et résidant à Kinshasa, ses personnages, ses sons, ses couleurs sont la principale source d’inspiration pour l’artiste-peintre Patsheli Kahambo. Après l’obtention de son diplôme à l’Académie des Beaux-Arts, son talent lui permet de participer au OFF de la Biennale de Dakar (2016 et 2018) ; galerie Sanaa en Autriche (2017 et 2019).
En 2017, ses œuvres sont exposées à Paris à la galerie Orafrica. En 2021, ses œuvres sont présentées dans le cadre de la Saison Africa 2020. L’artiste a également participé à de nombreux vernissages, dont la Rencontre Internationale des Arts Contemporains de Brazzaville (2015) ; Festival Africain d’Image Visuelle Artistique au Mali (2015) ; Kin Art Studio (Kinshasa, 2014).
Travaillant principalement avec l’acrylique, les œuvres de Patsheli reflètent l’énergie, la dureté, les contrastes, les aspirations de Kinshasa et de tout le pays ; les couleurs vives sont en réaction à la noirceur ambiante qui semble caractériser ce pays qui, à la sortie des indépendances, était promis à un bel avenir.
La Rédaction