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Ina Makosi et le devoir de photographier des athlètes sénégalaises pour inspirer les jeunes filles

Ina Makosi est une ancienne basketteuse aujourd’hui photographe et vidéaste. En capturant le sport, elle tente de donner aux jeunes filles sénégalaises des sources d’inspiration pour qu’elles n’aient pas à relever les mêmes défis qu’elle.

« La confiance en soi, c’est quelque chose dont nous, femmes, on a besoin et qu’on peut apprendre sur le terrain pour faire de nous celles que l’on veut devenir dans la vie. »

Ina Makosi est une photographe et vidéaste qui s’est accomplie grâce aux valeurs du sport. Elle a pratiqué le basket jusqu’au moment d’intégrer l’université. Et même si la Sénégalaise ne porte plus le maillot de Thiaré, son ancien club situé dans la banlieue de Dakar, elle peut toujours compter sur ce qu’elle appris sur le terrain pour réussir dans la vie. Ina Thiam, de son vrai nom, a tiré une grande force de ses années de basketteuse.

À l’époque, ce sport était un moyen de rencontrer des gens, de sortir de chez elle et de se sentir forte après avoir été victime de violences sexuelles. Aujourd’hui, c’est un de ses terrains d’expression. Ina Makosi capture des événements sportifs en photo ou en vidéo.

Les cultures urbaines, le quotidien des femmes et l’environnement sont les autres domaines de prédilection de celle qui a suivi une formation en audiovisuel dans l’association Africulturban.

Qu’importe le sujet, elle a toujours le même objectif : documenter pour mieux inspirer les futures générations sénégalaises. Et c’est d’autant plus vrai dans le sport, sa passion numéro 1.

Ina Makosi veut mettre en avant les modèles qu’elle n’a pas eu

Quand elle pratiquait le basketball, Ina Makosi a été victime de l’absence de modèle féminin et compte aujourd’hui y remédier.

« Quand j’était jeune et que je voulais poursuivre le sport, ma famille m’a dit “Non, mais tu es une femme”. Mais c’est un argument qui n’est pas fondé du tout. Et le fait de ne pas avoir un modèle à montrer à mes grands frères pour leur prouver que c’est possible, c’était un problème pour moi. Donc aujourd’hui, mon devoir est de montrer ces femmes sénégalaises qui ont opté pour le sport, le basket, le foot, le rugby, qui ont réussi et qui n’ont pas changé parce que c’est ça la préoccupation des parents. Pour moi, c’est un devoir de le montrer, pour que les jeunes filles ne rencontrent pas les mêmes problèmes que j’ai eu auparavant », explique Ina Makosi à Olympics.com.

La photographe autodidacte sait à quel point le sport peut être une vitrine de la réussite. Lors de ses voyages à l’étranger pour exposer [ses photos], elle s’en est rendu compte en rencontrant notamment un chauffeur de taxi kényan pour qui les exploits du footballeur Sadio Mané faisaient la renommée du pays de la Teranga.

Mais avant d’exposer au Sénégal, au Maroc, en Suède, en Norvège ou en Afrique de l’Ouest, l’artiste originaire de Dakar a eu besoin de redoubler d’efforts pour s’imposer en tant que femme dans un monde essentiellement masculin. Elle en tire une force supplémentaire et espère que son parcours pourra inspirer.

« En tant que photographe au stade Marius-Ndiaye, il y a des moments où les gens pensaient que je n’étais pas sénégalaise parce que j’étais la seule photographe sénégalaise dans le stade. Ils parlaient de moi en wolof en pensant que je ne comprenais pas. Et ça arrive souvent. Pour eux, ce n’est pas possible alors que pour moi, c’est un challenge. C’est positif parce que ça m’oblige à faire de très bonnes images, d’être respectée pour mon travail et permettre à d’autres femmes de voir que c’est possible, de leur donner la force de faire ce métier. »

Ina Makosi : « J’ai l’impression de rejouer à travers l’image »

Ina Makosi ne perd pas son objectif de vue malgré les difficultés. Au contraire. Elle aimerait en faire encore plus pour transmettre autant que possible aux générations futures. Pour elle, un véritable travail d’éducation doit être réalisé en mettant ces archives à disposition de la population pour bâtir une conscience collective.

La Sénégalaise sait que cela va prendre du temps, mais elle veut jouer un rôle dans cette tâche. Et pour remplir sa mission, elle peut toujours compter sur les valeurs inculquées par le basket.

« Le basket m’a beaucoup appris très jeune parce qu’au-delà du terrain, il y a un travail important réalisé avec les entraîneurs pour responsabiliser. Moi, en tant que meneuse, les compétences développées sur le terrain étaient les mêmes que dans la vie de tous les jours : être responsable, avoir le sens du partage, comprendre le monde qui nous entoure… C’est important, ça fait de moi qui je suis aujourd’hui », se rappelle celle qui a l’impression de rejouer à travers l’image.

Peu importe si elle est devant ou derrière l’objectif, Ina Makosi veut permettre à la jeunesse sénégalaise de se réapproprier sa destinée sans traverser les mêmes difficultés qu’elle.

 

La Rédaction

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