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Tafadzwa Moyo : digne ambassadeur de la mode zimbabwéenne

Diplômé de l’institut Danhiko project de Harare, Tafadzwa Moyo est le premier styliste zimbabwéen à avoir été sélectionné par le British Council pour présenter ses créations à l’International Fashion Showcase de Londres. Cette expérience unique et inédite lui a permis de valoriser le made in Zimbabwe à ce grand rendez-vous du donner et du recevoir de la mode.

Depuis cinq ans, l’International Fashion Showcase (IFS) – festival impulsé par le British Council et le British Fashion Council hébergé dans l’enceinte de la très néoclassique Somerset House au cœur de la capitale – promeut les jeunes pousses de la création dans le cadre de la Fashion week de Londres. L’occasion pour la nouvelle génération de designers issus de nationalités différentes, souvent sous-représentées au line-up de la programmation officielle de la semaine de la mode londonienne, de bénéficier d’une exposition devant les journalistes et les professionnels du secteur. Et d’espérer trouver du soutien pour propulser leur carrière à l’international.

A presque 33 ans, Tafadzwa Moyo devient ainsi le premier créateur zimbabwéen à l’honneur du festival. « Pour être honnête, j’ai l’impression de porter une lourde charge sur le dos !, admet le styliste d’un rire gêné, c’est une énorme responsabilité. Je suis très fier de moi, c’est une superbe expérience et j’espère simplement que je ne serai pas le dernier », souligne-t-il en sachant qu’il représente désormais une inspiration pour la jeunesse zimbabwéenne. Raison pour laquelle, il compte bien travailler encore plus pour atteindre l’excellence et les objectifs qu’il s’est fixés. « Comme tout designer je souhaite étendre mes territoires, et pour ce faire j’aimerais trouver de belles collaborations ».

Son label de référence, la marque pour homme, Daily Paper, basée en Nouvelle Zélande et montée par un trio masculin venu de Somalie, du Ghana et du Maroc. « Je les trouve vraiment cool, et ils sont parvenus à collaborer avec Puma ». Créer une « ligne by » pour une marque de sport de référence, telle est le genre d’opportunités qu’espère celui que l’on surnomme Taf The Tailor à Harare, là où il monté sa propre marque en 2015.

Tafadzwa Moyo aurait pu céder à la facilité en restant dans la compagnie qui l’a embauché au sortir de son stage de fin d’études. Junior puis head designer au sein de cette même entreprise, il réalise des uniformes pour différentes organisations : un travail de commandes. « J’ai beaucoup appris et c’était pratique financièrement. Mais en tant que designer, je ne voulais pas emprunter un chemin si commercial ».

Bushmen Rock

Virage à 180 degrés pour le styliste, qui soutenu par son ancien boss, décide de s’affranchir de la production industrielle pour lancer sa griffe dédiée au vestiaire masculin. Avec Kidd Hunta, il injecte des éléments traditionnels zimbabwéens aux codes du streetwear contemporain. Inspiré par des lignes établies comme Diesel ou G-Star, le styliste n’entend pas s’éloigner de son « background africain ». « Je veux aussi représenter d’où je viens et raconter mon histoire », précise-t-il.

La création exposée à Londres : un uniforme qui tire son inspiration des vêtements portés par « les bushmen rock », ces chasseurs qui voyageaient un peu partout en Afrique il y a une centaine d’années. Les couleurs, elles, sont celles que l’on retrouve dans les rues d’Harare aujourd’hui, dans les différentes échoppes. Le styliste accorde une place de choix à l’indigo pour ses denim.

« Ce modèle renvoie à cette idée du chasseur moderne, qui doit survivre et être au top pour sa famille. Le gosse Kidd Hunta est plein d’énergie, plein de rêves, il est cool et passionné. Il regorge d’idées à tel point qu’il pourrait exploser ! Et surtout il fonce et prouve qu’il peut le faire », avoue Taf, premier ambassadeur de sa marque, sorte d’urban warrior – du nom de sa collection printemps-été 2017 – bien dans ses boots et son jean brut rehaussé d’un large revers, à l’aise dans sa veste kaki et armé du nécessaire sac à dos de baroudeur.

Rompre avec les conventions

Un style qui pourrait passer inaperçu dans les capitales européennes. Pour autant, le jeune trentenaire est bien conscient de détonner au pays. « Nous devons rattraper notre retard par rapport au reste du monde, car notre rapport au style vestimentaire demeure très conventionnel. Aujourd’hui par exemple, je me sens très stylish, et ici à Londres, les gens apprécient. Mais à la maison, on ne peut pas vraiment se différencier ».

Pourtant voisin de l’Afrique du sud, un pays « multiculturel, de plus en plus attrayant et créatif dans le paysage de la mode, particulièrement à Cap Town » (là où le jeune créateur s’est rendu il y a quelques semaines pour présenter sa collection à la Men’s Fashion Week) le Zimbabwe peine encore à s’aligner sur les tendances internationales. « Se lancer dans la mode au Zimbabwe, surtout pour un homme, n’est pas chose aisée. Mais j’essaie d’éclater ces barrières, que les gens perçoivent la mode avec un nouveau regard, avoue ce fils de couturière.

Preuve, aujourd’hui la scène mode zimbabwéenne est en pleine émergence grâce aux récentes ouvertures de quelques instituts de mode, d’universités dédiées etc. », éclaire-t-il. Taf pourrait bien devenir la nouvelle coqueluche d’une mode made in Zimbabwe en phase avec son époque et sa génération, ouverte sur le monde. « J’ai de bons espoirs que, dans un futur proche, les choses vont bouger au Zimbabwe ».

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