L’une des stars les plus appréciées de France, Omar Sy, est retourné à ses racines sénégalaises pour un film sur les troupes coloniales qui ont combattu pour la France dans les tranchées de la Première Guerre mondiale.
Sy – plus connu du public international pour la série de thrillers Netflix « Lupin » – était à Dakar mardi 20 decembre 2022 pour la première du très attendu « Tirailleurs ».
L’histoire est celle d’un jeune homme au Sénégal nommé Thierno qui est pressé dans l’armée française, ce qui incite son père à s’engager volontairement pour garder un œil sur lui. Tous deux sont envoyés à la boucherie du front occidental.
Plus de 200 000 Africains ont servi dans les forces armées françaises pendant la première guerre mondiale.
Nombre d’entre eux ont combattu en tant que « tirailleurs », ou infanterie de première ligne, où les pertes étaient souvent dévastatrices, mais qui restent ignorées dans les livres d’histoire et les registres officiels.
Sy, né en France, qui s’exprime dans le film dans sa langue maternelle, le peul, a déclaré avoir été emporté par les courants franco-sénégalais du film.
« C’est totalement mon histoire. C’est totalement mon identité », a-t-il déclaré à l’AFP.
Sy a dit avoir « beaucoup d’émotions » à propos du film, auquel il avait invité des amis, des parents et des membres sénégalais de l’équipe pour la première.
« Il s’agit de pouvoir reconnaître et nous rappeler ce que ces hommes ont apporté », a déclaré Sy à l’AFP. « C’est quelque chose dont notre génération a besoin.
Les stars de la musique sénégalaise Youssou N’Dour et Ismael Lo faisaient partie des célébrités locales présentes.
Le réalisateur de « Tirailleurs » est Mathieu Vadepied, qui a fait équipe avec Sy en 2011 pour réaliser « Les Intouchables », une comédie dramatique acclamée sur un tétraplégique riche mais hautain et son bouillant assistant noir de la banlieue parisienne.
Vadepied a déclaré que le film et le choix de Dakar pour le lancement étaient un hommage à « tous ces soldats qui ont participé à ces guerres ».
« L’histoire entre la France et le Sénégal et les autres pays d’Afrique est désormais une histoire lointaine mais partagée. Nous sommes liés les uns aux autres. »
« Tirailleurs », qui a été présenté en avant-première au festival de Cannes en mai dans la section Un certain regard, sort en version commerciale en France et au Sénégal début janvier. La version anglaise est intitulée « Father & Soldier ».
Parmi le public qui a assisté à la première, nombreux sont ceux qui ont déclaré que le film braquait un projecteur essentiel sur un épisode colonial douloureux et souvent oublié.
« Nous avons besoin (d’un film comme celui-ci) pour ouvrir les esprits et servir le devoir de mémoire. Nous n’allons pas tous lire un livre de 500 pages », a déclaré Salomé Bar, une étudiante franco-sénégalaise de 21 ans.
« Il y a encore un tabou », a-t-elle ajouté. « On ne peut pas guérir de cette blessure si facilement ».
La Redaction
