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Samia Orosemane, celle qui se moque de tout le monde et surtout d’elle-même

Samia Orosemane a le verbe haut, et quand on est une femme aux origines tunisiennes, ce n’est pas forcément gagné de réaliser son rêve, celui de devenir comédienne. Aujourd’hui, l’humoriste parcourt les scènes de la planète, avec le rire et l’autodérision en partage. Rencontre sous le soleil tamisé de « son île », Djerba.

Cela fait si longtemps et le rendez-vous ne manque pas d’émotion. Samia Orosemane retrouve son public sur l’île de ses racines familiales. Enfin, comme elle le dit elle-même, là où elle se sent chez elle, Djerba, en Tunisie. Sur la scène installée au cœur du village de la francophonie, à l’occasion du 18e sommet de l’OIF, toute de noire vêtue et coiffée de wax, la voici, en pleine lumière, et surtout « tellement heureuse d’être là ».

« C’est ma préférée, elle me fait tellement rire », confie une jeune Djerbienne venue tout spécialement la voir. « Elle décape, ça on peut le dire », relève une autre spectatrice, une Française installée à Djerba depuis douze ans avec sa famille. « Ce qu’elle dit sur les hommes ? Moi, ça ne me dérange pas, relève de son côté un natif de Djerba, par contre, si je dois lui faire un reproche, pour nous les Djerbiens, elle parle trop vite quand elle fait ses sketches en français ».

Lorsque le spectacle s’achève, la foule se presse pour la saluer et pour un selfie avec elle, un jeu auquel elle se prêtera pendant près de deux heures, jusqu’à très tard dans la soirée, tenant la promesse faite sur scène : « Je ferai une photo avec chacun de vous, c’est promis, à tout de suite ! » « On l’adore ! » s’exclame une collégienne, totalement fan, « Vous allez l’interviewer ? Trop de la chance ! Je peux venir avec vous ? »

Née à Paris, Samia Orosemane a grandi en région parisienne. Au collège, elle tombe amoureuse du théâtre et découvre les œuvres de Molière, ce qui l’incite à devenir comédienne. Plus tard, elle s’inscrira au conservatoire, en cachette de ses parents. Tous deux nés à Djerba et venus s’installer à Paris dans les années 1970 – son papa est épicier – ont peur de ce métier de « saltimbanque ».

Bien des aventures plus tard, c’est l’un de ses sketches au Jamel Comedy club qui va cartonner sur les réseaux et la rendre célèbre. Plus de 17 millions de vues au compteur aujourd’hui. Dans le monde des « saltimbanques », des humoristes, Samia Orosemane ne ressemble à nulle autre et le revendique. Son parler résonne haut et fort, ses vannes s’enchaînent à un rythme de mitraillette, mais il y a le sourire, la chaleur, et cet incroyable talent, celui de se mettre le public dans sa poche, quel qu’il soit. Noirs, arabes, blancs, musulmans, chrétiens, juifs… Tout le monde en prend pour son compte, et la comédienne ne s’épargne pas elle-même. Sa meilleure arme pour mieux en rire ? L’autodérision. « Moi j’ai toujours rêvé d’être une femme noire, c’est pour ça que je me suis laissé pousser le derrière. Mais les femmes noires, elles, elles ont des belles formes harmonieuses. Le problème, c’est que chez moi, ça a aussi poussé autour ! » ironise-t-elle dans l’un de ses sketches les plus connus.

Prise par l’euphorie de ses retrouvailles avec son public et ses proches, dont des cousins qu’elle n’a pas vus depuis vingt ans, Samia court partout. Elle joue les guides pour des amis venus du Canada, se prête à des interviews… Finalement nous arrivons à nous retrouver, au calme, attablées à la terrasse de l’un de ces hôtels de tourisme de masse de l’île, en milieu d’après-midi. La lumière est douce. Nous sommes toutes deux entourées de chats curieux, bercées par le chant des oiseaux. Samia est arrivée, brillant de mille feux dans la tenue locale des mariées djerbiennes, aux rayures colorées, coiffée du voile en dentelles traditionnel : « C’est pour leur faire honneur ! Je l’ai achetée ce matin « . Le moment idéal pour une belle rencontre, en toute simplicité, en toute intimité.

La Rédaction

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