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Le plasticien Temandrota relie grands textes et recyclage dans une exposition inédite

Direction Madagascar où jusqu’à dimanche, l’hôtel de Ville de la commune urbaine d’Antananarivo expose une quinzaine d’œuvres totalement inédites de l’artiste plasticien Temandrota, originaire du Grand Sud. L’exposition ouverte jusqu’au 14 mai 2023 offre au public des sculptures et des compositions issues de la récupération et recyclage dans de la série d’événements hors-les-murs de la fondation H.

L’artiste, grand adepte de la récupération et du recyclage, offre au public des sculptures et des compositions d’une grande sensibilité, empruntes de poésie et de métaphores sur le monde actuel. L’exposition intitulée « Sorabe sy sary kely » (soit « Grandes écritures, petites figures », en français) fait partie de la série d’événements hors-les-murs organisés à l’occasion de la récente inauguration de la Fondation H, le centre d’art contemporain situé en plein cœur de la capitale malgache.

L’installation a été baptisée « Ambinambe », du nom d’un village de pêcheurs de langoustes, en Anosy dont est issue la famille de son père. Suspendues au plafond, une trentaine de pagaies en bois. Au-dessus d’elles, des nattes colorées tissées telles des nasses, et étrangement scintillantes.

Pour les confectionner, Temandrota a utilisé des déchets, raconte-t-il :

« Ces emballages de biscuits, de nouilles, de chewing-gum sont déversés dans les marchés populaires du village. En fait, une bonne partie de mon travail essaie d’interpeller les gens sur ces produits périmés ou en fin de vie, qui viennent d’ailleurs, qui sont déversés sur nos marchés et que les gens achètent parce que bon marché. Ces nattes que j’ai créées autour de ces emballages est un questionnement sur la mondialisation. Et en même temps, quand je crée ces nattes, c’est pour créer des discours, des palabres, autour du village aussi. C’est une manière pour moi de partager mon travail, mon regard sur la société, avec cette communauté de pêcheurs. Et que eux partagent avec moi leur savoir-faire de tressage de casiers, de piège à langoustes. »

Utilisation des sorabes avec des mythes fondateurs

Plus loin, dans ses panneaux de Maroanake (inspirés des panneaux funéraires), l’on retrouve les habituels vestiges de claviers de téléphones et semelles de chaussures. Le plasticien y a décidé d’intégrer des sorabes. Ces textes malgaches en écriture arabe relatent – entres autres – certains mythes et rites fondateurs.

« C’est une prémisse d’un long travail. J’ai toujours été attiré par le sorabe depuis mon adolescence. J’étais curieux de ces manuscrits anciens. J’étais curieux de pouvoir les transposer aujourd’hui, dans ce monde contemporain en évolution perpétuelle. Je travaille par tâtonnements, à l’inattendu. C’est-à-dire que je travaille en fragments. Je ne compose presque jamais mes peintures ni mes sculptures. Et à un moment donné, quand je rassemble tout, c’est là que je réalise la pièce. « Sorabe sy Sary Kely » parle aussi de cette démarche de travail avec des petites pièces qui arrivent à en façonner des grandes. »

L’artiste porte toujours une idée de confronter la taille entre les petites choses et les grandes écritures. L’exposition invite au voyage et au questionnement aussi, d’autant que voir autant d’œuvres de Temandrota à Madagascar est rare : elles sont accessibles jusqu’au 14 mai 2023.

La Rédaction

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